J’ai l’impression de glisser à ta surface. Je ne trouve aucune prise. Les minces aspérités sur lesquelles je pouvais encore m’accrocher ont disparues, balayées, lissées, poncées par les intempéries. Lentement, silencieusement, je chute et m’approche dangereusement du sol. Je ne veux pas tomber. Je veux continuer là où je suis. Postée si haut que je pourrais toucher le ciel avec la main. Que tu me portes encore et que jamais ce ne s’arrête. Mais la pluie bat fort et rend glissante ta peau si douce. Je patine et dérape, mais lutte avec toute la hargne dont je suis capable. Malgré ma flagrante impuissance, je me sens capable de soulever des montagnes, et crois moi, même lorsque j’aurai perdu, je continuerai encore et encore ; c’est bien simple, je me sais incapable de baisser les bras devant tout ça. Devant toi.
Je sais, tu vas dire que je m’emballe. Que si je chute, c’est uniquement notre faute à mon imagination dégénérée et moi. Et alors ? Quand bien même serais-ce le cas, ne faut-il pas mieux prévenir que guérir ? Alors te voilà prévenu. Je suis prête à me battre. Contre les autres, contre toi, contre moi. Tout du moment que tu m’aimes encore. Tu m’aimes encore, n’est-ce pas ? Je crois que oui. Plus le temps passe et plus te quitter me devient difficile. Alors, pour combler ton absence, je me noie dans ton odeur et mes souvenirs.
Tu es mon colosse aux pieds d’argile. Mais la pluie t’a rongé toi aussi. Et dans ta fuite, et dans ta chute, c’est moi que tu piétines. Non, ce ne sont pas des reproches. Juste des mots mon amour. Mais tu me manques et mettre ces mots sur mes peurs est la seule chose qui me reste. Qui m’aide un peu.
Dehors, il pleut.